Vers un système de données mondial intégrant le handicap

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Vers un système de données mondial intégrant le handicap

 

Discours de Sophie Mitra et Jaclyn Yap pour l’événement parallèle de l’ONU COSP 15 « Vers des sociétés inclusives »  (durée 15 minutes)

17 juin 2022

Diapositive 1 : (Sophie commence)

Bonjour à toutes et à tous,

Merci beaucoup, Rosario, pour votre présentation.

Je suis une femme d’âge moyen aux cheveux gris et je porte un chemisier rouge foncé.

Dans cette présentation, Jaclyn Yap et moi-même vous donnerons un aperçu des résultats du rapport 2022 de l’Initiative sur les données relatives aux handicaps.

C’est le travail d’une équipe qui comprend sept étudiant.e.s très dévoué.e.s de l’université de Fordham et de l’université de Princeton. Je tiens également à remercier le comité directeur pour ses précieux conseils et encouragements, ainsi que le Wellspring Philanthropic Fund pour son soutien financier.

Diapositive 2 :

Vous pouvez accéder au rapport 2022 sur les données relatives aux handicaps en cliquant sur ce lien (dites-le à voix haute) :

Disability Data Report 2022

(Douglas collera le lien dans la boîte de chat).

Diapositive 3 :

Comme l’année dernière, le rapport commence par un examen des questionnaires de recensement nationaux et des enquêtes de ménages utilisés par les pays pour produire des statistiques nationales. Nous couvrons la période de 2009 à 2021. Nous constatons que seulement un sur cinq des questionnaires examinés contient des questions sur le handicap qui répondent aux standards de comparabilité internationale, c’est-à-dire qu’ils recueillent des informations sur les difficultés fonctionnelles dans quatre à six domaines selon les recommandations de l’ONU pour les recensements de 2017.

Seul un questionnaire sur dix comporte la liste restreinte de questions du Groupe de Washington, qui a été testée et est comparable au niveau international.

Récemment, l’inclusion de la liste restreinte de questions du Groupe de Washington dans la sixième édition de l’enquête en grappes à indicateurs multiples de l’UNICEF, ou MICS (pour son acronyme anglais), a amélioré la disponibilité des données pour de nombreux pays.

Diapositive 4 :

Cette diapositive montre une carte du monde avec, en vert, les pays où nous trouvons des enquêtes nationales contenant des questions sur les difficultés fonctionnelles. De telles questions se retrouvent dans les enquêtes nationales dans toutes les régions du monde, mais dans le cas de l’Europe et de l’Asie centrale, elles sont moins fréquentes.

Diapositive 5 :

Dans l’ensemble, il reste beaucoup à faire pour que les enquêtes nationales et les recensements de la population incluent des questions sur les difficultés fonctionnelles afin de mettre en œuvre l’article 31 de la Convention relative aux droits des personnes handicapées, qui exige des États qu’ils « recueillent des informations adéquates, y compris des données statistiques et des données de recherche, pour leur permettre de formuler et d’appliquer des politiques donnant effet à la présente Convention ».

Les programmes d’enquêtes internationales, tels que, par exemple, le programme d’enquête téléphonique à haute fréquence pour COVID-19 ou le programme d’enquête sur les revenus et les conditions de vie (SILC, pour son acronyme anglais), pourraient contribuer à améliorer la disponibilité des questions sur le handicap dans de nombreux pays et à informer les politiques.

Je me tourne maintenant vers Jaclyn pour discuter des résultats de l’analyse des données de l’enquête.

Diapositive 6 (Jaclyn commence ici)

Bonjour à toutes et à tous,

Les méthodes utilisées dans l’analyse des microdonnées sont expliquées dans les Résumés des méthodes. Les principaux résultats pour chaque pays sont résumés dans la section Résumés par pays.

Nous avons utilisé l’enquête en grappe à indicateurs multiples de l’UNICEF ou MICS round 6. Les MICS collectent des données pour surveiller la situation des femmes et des enfants dans le monde. Nous avons utilisé 35 enquêtes provenant de pays de différentes régions et de différents niveaux de développement. L’étude a porté sur 418 000 femmes âgées de 18 à 49 ans, vivant dans des zones urbaines et rurales, qui ont répondu au module sur le fonctionnement des adultes.

Diapositive 7 :

L’écran montre en bleu la carte du monde avec les 35 pays que nous avons utilisés dans cette étude. Il s’agit de pays aussi divers que la Géorgie et le Belarus en Europe, la République dominicaine et le Honduras en Amérique latine, la Mongolie en Asie centrale et Madagascar, le Lesotho, la République centrafricaine et le Tchad en Afrique.

Diapositive 8 :

L’objectif était de découvrir les inégalités entre les femmes avec et sans handicap. Nous avons mesuré le handicap en fonction des six domaines fonctionnels de la liste restreinte du Groupe de Washington : vision, audition, mobilité, cognition, autonomie et communication.

Nous avons désagrégé nos données de différentes manières. Pour nos principaux résultats, nous avons comparé les femmes sur la base de trois groupes : les femmes sans difficulté, les femmes avec quelques difficults et, enfin, les femmes avec au moins de grande difficulté.

Diapositive 9 :

Nous avons identifié 32 indicateurs de bien-être que nous avons classés en sept dimensions : éducation, activités personnelles, santé, niveau de vie, pauvreté multidimensionnelle, insécurité et bien-être subjectif. Nous avons utilisé des statistiques descriptives et une analyse bivariée (ou à deux variables) dans le rapport.

Diapositive 10 :

Je souhaite partager avec vous certaines de nos principaux résultats.

Certains résultats confirment ce que nous savons déjà. Par exemple, dans le domaine de l’éducation, conformément aux conclusions de notre précédent rapport et de la littérature, les femmes ayant des difficultés fonctionnelles ont tendance à avoir un niveau d’éducation et des taux d’alphabétisation plus faibles.

Pour le niveau de vie, nous avons examiné des indicateurs tels que l’accès à des combustibles de cuisson propres, à l’électricité et à un logement adéquat, pour n’en citer que quelques-uns. Nous ne trouvons des écarts que pour certains pays, ce qui peut être dû à la composition de l’échantillon, puisque nous incluons des pays aux revenus relativement élevés et au niveau de développement plus important où le combustible de cuisson propre ou l’électricité sont presque universellement disponibles.

Pour la pauvreté multidimensionnelle, nos estimations suggèrent que les personnes ayant des difficultés fonctionnelles, en moyenne, subissent des privations multiples à des taux plus élevés que les personnes sans difficulté fonctionnelle.

Diapositive 11 :

En plus de ces résultats confirmés par des études quantitatives antérieures, nous pouvons fournir des résultats statistiques qui, à notre connaissance, sont nouveaux pour de nombreux pays avec des données représentatives au niveau national pour les femmes ayant des difficultés fonctionnelles.

Pour les indicateurs de santé, nous constatons que 46%, 43% et 39% des femmes n’ayant aucune difficulté, quelque difficulté et au moins de grande difficulté, respectivement, déclarent que leurs besoins en matière de planification familiale sont satisfaits. Nous avons également constaté que 30% des femmes sans difficultés déclarent qu’un mari est justifié de battre sa femme. Ce chiffre est inférieur aux 35% de femmes ayant quelque difficulté et aux 37% de femmes ayant de grandes difficultés déclarant la même chose.

Diapositive 12 :

En termes d’insécurité, peu de femmes ayant des difficultés fonctionnelles déclarent se sentir en sécurité en marchant seules dans leur quartier après la tombée de la nuit, par rapport aux femmes sans difficultés fonctionnelles. Nous avons également constaté que 23 % des femmes ayant de grandes difficultés déclarent se sentir discriminées, contre 17 % des femmes ayant quelques difficultés et 10 % des femmes sans difficulté.

Diapositive 13 :

Pour les activités personnelles, nous avons examiné des indicateurs tels que l’accès à l’information et aux technologies de l’information et de la communication ou TIC. En général, nous constatons qu’il n’y a pas d’écart de handicap là où l’accès est faible. Cependant, dans les pays où le taux d’accès global est plus élevé, nos résultats montrent une fracture numérique entre les femmes avec et sans difficultés fonctionnelles dans la plupart des pays.

Diapositive 14 :

Par exemple, la possession d’un téléphone portable chez les femmes n’ayant aucune difficulté est de 69%, contre 61% et 60% pour les femmes ayant quelques difficultés et  de grandes difficultés, respectivement.

Diapositive 15 :

Enfin, en termes de bien-être subjectif, dans tous les pays, nous constatons que le fait d’avoir des difficultés fonctionnelles est directement associé à un niveau plus faible de satisfaction dans la vie, et à une proportion plus faible de femmes se déclarant très heureuses ou assez heureuses.

 

Diapositive 16 :

Nos résultats soutiennent l’hypothèse de l’écart entre le handicap et le développement. Selon cette hypothèse, les inégalités entre les personnes handicapées et non handicapées augmentent à mesure que les pays se développent en raison de processus non inclusifs, par exemple dans l’éducation ou sur le marché du travail. Nous pouvons illustrer cela de la manière suivante : un plus grand nombre d’enfants restent plus longtemps à l’école et peuvent aller jusqu’à l’école secondaire ou la terminer, mais ces progrès peuvent ne pas être réalisés pour les enfants handicapés.

Si cette hypothèse est vraie, alors les inégalités devraient être plus importantes pour les pays dont le niveau de développement est plus élevé.  Nous ne le confirmons que pour certains indicateurs, en particulier la pauvreté multidimensionnelle, qui correspond à la proportion de femmes subissant des privations multiples (par exemple, un faible niveau d’instruction, un logement inadéquat).

Le graphique de la diapositive illustre la corrélation entre l’indice de développement humain et l’écart de handicap dans la pauvreté multidimensionnelle, c’est-à-dire la différence entre les femmes avec et sans handicap.

 

Diapositive 17 :

Pour certains indicateurs, nous constatons une association graduelle entre la gravité de la difficulté fonctionnelle et le désavantage.

En d’autres termes, les femmes ayant quelques difficultés fonctionnelles sont, en moyenne, moins bien loties que les femmes n’ayant aucune difficulté, mais mieux loties que les femmes qui déclarent avoir beaucoup de difficultés ou être incapables d’accomplir certaines fonctions dans au moins un domaine. C’est le cas, par exemple, pour le niveau d’instruction, la pauvreté multidimensionnelle et le bien-être subjectif.

Nous devons analyser plus en profondeur le cas des femmes ayant quelques difficultés, car elles peuvent être désavantagées et on ne peut pas supposer qu’elles sont similaires en termes de bien-être aux femmes sans difficulté.

Diapositive 18 (Sophie conclut) :

Le rapport sur les données relatives aux handicaps 2022 démontre tout d’abord qu’il est possible de désagréger les données des enquêtes nationales, même au sein d’un sous-groupe de la population, ici les femmes âgées de 18 à 49 ans.

Les résultats globaux montrent que davantage de collecte de données, de recherche et de travail politique sont nécessaires pour lutter contre les inégalités auxquelles sont confrontées les femmes handicapées.

Le programme MICS a apporté une visibilité aux femmes handicapées âgées de 18 à 49 ans dans de nombreux pays. D’autres programmes d’enquête devraient inclure des questions sur les difficultés fonctionnelles afin de rendre visibles les femmes âgées handicapées.

Le rapport 2022 montre des inégalités entre les femmes avec et sans handicap dans deux dimensions du bien-être pour lesquelles nous n’avions que peu ou pas de données jusqu’à présent : premièrement, l’insécurité, identifiée sur la base de la proportion de femmes qui se sentent en insécurité et de la proportion de femmes qui se sentent discriminées, et deuxièmement, le bien-être subjectif mesuré par des indicateurs de bonheur et de satisfaction de la vie.

Ces indicateurs reflètent les privations et les obstacles auxquels sont confrontées les femmes handicapées dans le monde, qui risquent de s’aggraver dans le contexte de la pandémie et de l’urgence climatique, et pour lesquels il faut redoubler d’efforts pour atteindre l’ODD 5 visant à mettre fin à toutes les formes de discrimination et de violence à l’égard des femmes et des filles, et pour se conformer à la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH).

Diapositive 19 :

Nous attendons avec impatience les commentaires des panélistes et de l’auditoire afin d’éclairer nos travaux futurs. Les questions ou commentaires sont les bienvenus par courriel à rcd@fordham.edu.

Merci de votre attention.


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